Zola conteur ( Suite )

   Dès les Contes à Ninon sont en place quelques-uns des thèmes et des mythes fondamentaux de l'univers zolien, qui seront repris et développés dans les romans et les autres contes et nouvelles : horreur de la guerre et de la violence, angoisse devant la sexualité, flots qui menacent de noyade, hantise de la souillure, appétits déchaînés, lutte universelle pour la vie, double image de la nature, à la fois positive et négative, etc.
   Après les Contes à Ninon, Zola n'écrit plus que de rares contes de fées. Il s'est, à partir de 1865, lancé dans le journalisme. C'est à la publication en feuilleton, souvent dans des journaux à grand tirage comme le Petit Journal, qu'il destine désormais la plupart des textes qu'on range sous le titre " Contes et nouvelles " . Aussi tiennent-ils fréquemment plus de la chronique rapidement redirigée, sous l'influence de l'actualité, que du conte ou de la nouvelle longuement élaborés. Ils sont de formes et de tons très variés : souvenirs ( l'enfance passée à Aix, promenades dans Paris ou sa banlieue, en temps de paix ou de guerre ) , croquis, " profils parisiens " , faits divers, anecdotes à valeur moralisatrice ou satirique, etc. Le regard est aigu, les descriptions pittoresques, l'ironie et la satire politique ou sociale y affleurent souvent, surtout à partir de 1868, moment où Zola entre dans les équipes de journalistes républicains. Certains de ces textes sont des canevas de romans ( " Un mariage d'amour " , sorte d'ébauche de Thérèse Raquin, ou " Histoire d'un fou " , premier état de la Conquête de Plassans ) .