Extraits (Suite)

   Nana (Extrait numéro 1 : Chapitre 1 - Suite)

   Et l'on tirait enfin l'Amour de son cachot, où il avait fait des cocottes, au lieu de conjuguer le verbe aimer. La toile tomba sur une apothéose, le choeur des cocus agenouillé, chantant un hymne de reconnaissance à Vénus, souriante et grandie dans sa souveraine nudité.
   Les spectateurs, déjà debout, gagnaient les portes. On nomma les auteurs, et il y eut deux rappels, au milieu d'un tonnerre de bravos. Le cri : " Nana ! Nana ! " avait roulé furieusement. Puis, la salle n'était pas encore vide qu'elle devint noire; la rampe s'éteignit, le lustre baissa, de longues housses de toile grise glissèrent des avant-scènes, enveloppèrent les dorures des galeries; et cette salle, si chaude, si bruyante, tomba d'un coup à un lourd sommeil, pendant qu'une odeur de moisi et de poussière montait. Au bord de sa loge, attendant que la foule se fût écoulée, la comtesse Muffat, toute droite, emmitouflée de fourrures, regardait l'ombre. [...]

 

Extraits

"...Nana, fille de Gervaise, va réussir non seulement à la scène, dans le rôle de Vénus qui lui va si bien, mais aussi dans la galanterie. Elle sera le symbole de la corruption générale d'une société où règnent comme seules valeurs l'argent et le désir sexuel. ..."