Extraits (Suite)
Nana (Extrait numéro 1 : Chapitre 1 - Suite)
On suffoquait, les chevelures s'alourdissaient sur les têtes en sueur. Depuis trois
heures qu'on était là, les haleines avaient chauffé l'air d'une odeur humaine. Dans le
flamboiement du gaz, les poussières en suspension s'épaississaient, immobiles au-dessous du
lustre. La salle entière vacillait, glissait à un vertige, lasse et excitée, prise de ces
désirs ensommeillés de minuit qui balbutient au fond des alcôves. Et Nana, en face de ce
public pâmé, de ces quinze cents personnes entassées, noyées dans l'affaissement et le
détraquement nerveux d'une fin de spectacle, restait victorieuse avec sa chair de marbre, son sexe assez
fort pour détruire tout ce monde et n'en être pas entamé.
La pièce s'acheva. Aux appels triomphants de Vulcain, tout l'Olympe défilait
devant les amoureux, avec des Oh ! et de Ah ! de stupéfaction et de gaillardise. Jupiter disait :
" Mon fils, je vous trouve léger de nous appeler pour voir ça. " Puis, un revirement
avait lieu en faveur de Vénus. Le choeur des cocus, introduit de nouveau par Iris, suppliait le
maître des dieux de na pas donner suite à sa requête; depuis que les femmes demeuraient au
logis, la vie y devenait impossible pour les hommes; ils aimaient mieux être trompés et contents,
ce qui était la morale de la comédie. Alors, on délivrait Vénus. Vulcain obtenait une
séparation de corps. Mars de remettait avec Diane. Jupiter, pour avoir la paix dans son ménage,
envoyait sa petite blanchisseuse dans une constellation.
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Extraits
"...Nana, fille de Gervaise, va réussir non seulement à la scène,
dans le rôle de Vénus qui lui va si bien, mais aussi dans la galanterie. Elle sera le symbole de la corruption
générale d'une société où règnent comme seules valeurs l'argent et le désir sexuel.
..."
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