Extraits (Suite)
La Terre (Cinquième partie, Chapitre 5 - Suite)
Brusquement, Lise exaspérée empoigna l'oreiller, le tapa sur la face du père.
- Bougre de lâche ! faut donc que ce soit toujours les femmes !
Alors, Buteau se rua, pesa de tout le poids de son corps, pendant qu'elle, montée sur le lit,
s'asseyait, enfonçait sa croupe nue de jument hydropique. Ce fut un enragement, l'un et l'autre foulaient,
des poings, des épaules, des cuisses. Le père avait eu une secousse violente, ses jambes s'étaient
détendues avec des bruits de ressorts cassés. On aurait dit qu'il sautait, pareil à un poisson
jeté sur l'herbe. Mais ce ne fut pas long. Ils le maintenaient trop rudement, ils le sentirent sous eux
qui s'aplatissait, qui se vidait de l'existence. Un long frisson, un dernier tressaillement, puis rien du tout,
quelque chose d'aussi mou qu'une chiffe.
- Je crois bien que ça y est, gronda Buteau essouflé.
Lise, toujours assise, en tas, ne dansait plus, se recueillait, pour voir si aucun frémissement
de vie ne lui répondait dans la peau.
- Ça y est, rien ne grouille.
Elle se laissa glisser, la chemise roulée aux hanches, et enleva l'oreiller. Mais ils
eurent un grognement de terreur.
- Nom de Dieu ! il est tout noir, nous sommes foutus !
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Extraits
"...Buteau, le fils cadet, et sa
femme, Lise, décident après un premier crime de supprimer le vieux Fouan, qui est devenu une charge intolérable
et menace leur impunité... Cette oeuvre particulièrement sombre divise l'école naturaliste (Manifeste
des Cinq contre la Terre, 1887), et valut à Zola des accusations de simplisme et de complaisance.
..."
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