Extraits (Suite)

   La Terre (Cinquième partie, Chapitre 5)

   La chandelle au poing, il disparut, tnadis qu'elle, retenant sa respiration, écoutait, les yeux grands ouverts dans le noir. Mais les minute s'écoulaient, aucun bruit ne lui arrivait de la pièce voisine. A la fin, elle l'entendit revenir sans lumière, avec le frôlement mou de ses pieds, si oppressé qu'il ne pouvait contenir le ronflement de son haleine. Et il avança juqu'au lit, il tâta pour l'y retrouver, lui souffla dans l'oreille :
   - Viens donc, j'ose pas tout seul.
   Lise suivit Buteau, les bras tendus, de crainte de se cogner. Ils ne sentaient plus le froid, leur chemise les gênait. La chandelle était par terre, dans un coin de la chambre du vieux. Mais elle éclairait assez pour qu'on le distinguât, allongé sur le dos, la tête glissée de l'oreiller. Il était si raidi, si décharné par l'âge, qu'on l'aurait cru mort, sans le râle pénible qui sortait de sa bouche largement ouverte. Les dents manquaient, il y avait là un trou sur lequel tous les deux se penchèrent, comme pour voir se qu'il restait de vie au fond. Longuement, ils regardaient, côte à côte, se touchant de la hanche. Mais leurs bras mollissaient, c'était très facile et si lour pourtant, de prendre n'importe quoi, de boucher le trou. Ils s'en allèrent, ils revinrent. Leur langue sèche n'aurait pu prononcer un mot, leur yeux seuls se parlaient. D'un regard, elle lui avait montré l'oreiller : allons donc ! qu'attendait-il ? Et lui battait des paupières, la poussait à sa place.

 

Extraits

"...D'après Zola, l' "héroïne" de ce roman est la terre elle-même, cette "grande travailleuse" indifférente aux "insectes rageurs" qui s'agitent à la surface : ici, des paysans de la Beauce, âpres; violents, sensuels, et une famille, les Fouan, dont le père a de son vivant partagé son bien entre ses enfants et crée ainsi d'inexpiables haines. ..."