Extraits (Suite)

   Germinal (Cinquième partie, Chapitre 5 - Suite)

   Au-dessus des têtes, parmi le hérissement des barres de fer, une hache passa, portée toute droite; et, cette hache unique, qui était comme l'étendard de la bande, avait, dans le ciel clair, le profil aigu d'un couperet de guillotine.
   - Quels visages atroces ! balbutia Mme Hennebeau.
   Négrel dit entre ses dents :
   - Le diable m'emporte si j'en reconnais un seul ! D'où sortent-ils donc, ces bandits-à ?
   Et, en effet, la colère, la faim, ces deux mois de souffrance et cette débandade enragée au travers des fosses avaient allongé an mâchoires de bêtes fauves les faces placides des houilleurs de Montsou. À ce moment, le soleil se couchait, les dreniers rayons, d'un poupre sombre, ensanglantaient la plaine. Alors, la route sembla charrier du sang, les femmes, les hommes continuaient à galoper, saignants comme des bouchers en pleine tuerie.
   - Oh ! superbe ! dirent à demi-voix Lucie et Jeanne, remués dans leur goût d'artistes par cette belle horreur.
   Elles s'effrayaient pourtant, elles reculèrent près de Mme Hennebeau, qui s'était appuyée sur une auge. L'idée qu'il suffisait d'un regard, entre les planches de cette porte disjointe, pour qu'on les massacrât, la glacait. Négrel se sentait blêmir, lui aussi, très brave d'ordinaire, saisi là d'une épouvante supérieure à sa volonté, une de ces épouvantes qui soufflent de l'inconnu. Dans le foin, Cécile ne bougeait plus. Et les autres, malgré leur désir de détourner les yeux, ne le pouvaient pas, regardaient quand même.

 

Extraits

"...Dans ce roman, Étienne Lantier, devenu mineur au Voreux, entraîne ses camarades à la grève, aux démonstrations de force parfois violentes. Ils échoueront, mails ils auront été l'avant-garde d'un grand mouvement social porteur d'avenir qui emportera les bourgeois et leur ironie..."