Extraits (Suite)
Germinal (Cinquième partie, Chapitre 5)
Le roulement de tonnerre approchait, la terre fut ébranlée, et Jeanlin galopa le
premier, soufflant dans sa corne.
- Prenez vos flacons, la sueur du peuple qui passe ! murmura Négrel, qui, malgré ses
convictions républicaines, aimait à plaisanter la canaille avec les dames.
Mais son mot spirituel fut emporté dans l'ouragan des gestes et des cris. Les femmes
avaient paru, près d'un millier de femmes, aux cheveux épars, dépeignés par la course,
aux guenilles montrant la peau nue, des nudités de femelles lasses d'enfanter des meurt-de-faim.
Quelques-unes tenaient leur petit entre les bras, le soulevaient, l'agitaient, ainsi qu'un drapeau de deuil et
de vengeance. D'autres, plus jeunes, avec des gorges gonflées de guerrières, brandissaient des
bâtons; tandis que les vieilles, affreuse, hurlaient si fort, que les cordes de leurs cous
décharnés semblaient se rompre. Et les hommes déboulèrent ensuite, deux mille furieux, des
galibots, des haveurs, des racommodeurs, une masse compacte qui roulait d'un seul bloc, serrée,
confondue, au point qu'on ne distinguait ni les culottes déteintes, ni les tricots de laine en loques,
effacés dans la même uniformité terreuse. Les yeux brûlaient, on voyait seulement les trous
des boucles noires, chantant la Marseillaise, dont les strophes se perdaient en un mugissement confus,
accompagné par le claquement des sabots sur la terre dure.
|
Extraits
"...Dans ce roman, Étienne Lantier, devenu mineur au Voreux, entraîne
ses camarades à la grève, aux démonstrations de force parfois violentes. Ils échoueront, mails ils
auront été l'avant-garde d'un grand mouvement social porteur d'avenir qui emportera les bourgeois et leur ironie..."
|
| 


 |