Extraits (Suite)
Germinal (Cinquième partie, Chapitre 5 - Suite)
C'était la vision rouge de la révolution qui les emporterait tous, fatalement,
par une soirée sanglante de cette fin de siècle. Oui, un soir, le peuple lâché,
débridé, galoperait ainsi sur les chemins; et il ruissellerait du sang des bourgeois, il
promènerait des têtes, il sèmerait l'or des coffres éventrés. Les femmes hurleraient,
les hommes auraient ces mâchoires de loups, ouvertes pour mordre. Oui,ce seraient les mêmes guenilles,
le même tonnerre de gros sabots, l& même cohue effroyable, de peau sale, d'haleine empestée,
balayant le vieux monde, sous leur poussée débordante de barbares; Des incendies flamberaient, on ne
laisserait pas debout une pierre des villes, on retournerait à la vie sauvage dans les bois, après
le grand rut, la grande ripaille, où les pauvres, en une nuit, efflanqueraient les femmes et videraient
les caves des riches. Il n'y aurait plus rien, plus un sou des fortunes, plus un titre des situations acquises,
jusqu'au jour où une nouvelle terre repousserait peut-être. Oui, c'étaient ces choses qui passaient
sur la route, comme une force de la nature, et ils en recevaient le vent terrible au visage.
Un grand cri s'éleva, domina la Marseillaise :
- Du pain ! du pain ! du pain !
Lucie et Jeanne se serrèrent contre Mme Hennebeau, défaillante; tandis que Négrel
se mettait devant elles, comme pour les protéger de son corps. Était-ce donc ce soir même que
l'antique société craquait ?
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Extraits
"...Dans ce roman, Étienne Lantier, devenu mineur au Voreux, entraîne
ses camarades à la grève, aux démonstrations de force parfois violentes. Ils échoueront, mails ils
auront été l'avant-garde d'un grand mouvement social porteur d'avenir qui emportera les bourgeois et leur ironie..."
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