La Joie de vivre

   Au contraire de Au Bonheur des dames, la Joie de vivre est le roman des ratages, de l'angoisse devant l'impuissance de l'homme face à sa condition de mortel, une nouvelle tentative de Zola pour exorciser ses tendances au pessimisme et se libérer d'obsessions anciennes que ravivaient les circonstances ( deuils, fatigue physique et morale... ). C'est au fond de lui qu'il trouve les personnages et leur drame.
   Pauline Quenu, orpheline de dix ans, est recueillie par des cousins, les Chanteau. Ceux-ci habitent un petit port désolé, ravagé périodiquement par de terribles tempêtes, et que Zola appelle, par dérision, Bonneville. Riche héritière, elle se laisse, par bonté, peu à peu dépouiller de sa fortune - par les Chanteau et par les pauvres, qui la volent - ainsi que de son coeur : elle aime son cousin Lazare mais il épouse Louise. Personne ne montre à la jeune fille la moindre reconnaissance de ses sacrifices continuels; bien au contraire : Mme Chanteau se met à la haïr au point d'avoir peur, alors qu'elle agonise, d'être empoisonnée par elle.
   Face aux méchancetés ou à l'égoïsme, Pauline oppose une grande vaillance. Malgré les douleurs et les morts ( que Zola multiplie : crises intolérables de goutte de Chanteau; accouchement difficile de Louise; horrible agonie de Mme Chanteau ou du chien Mathieu, etc... ) , malgré se échecs, elle reste confiante en la vie, qu'elle accepte telle qu'elle est. Elle met tous ses efforts ô soutenir Lazare ( auquel Zola a donné ses hantises, son angoisse devant l'émiettement continuel de toutes choses, et dont il a fait la proie de cruelles crises de désespoir ).

 

Pauline Quenu

"...C'est elle qui sauve de la mort, par son acharnement, le bébé que Louise vient de mettre au monde - sa seule réussite. Encore ne sera-t-il qu'un enfant chétif, chargé de la lourde hérédité des Chanteau..."