Affaire Dreyfus (Suite)
J'ACCUSE...! ( Suite )
Et c'est à vous monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte
d'honnète homme. Pour votre honneur, je suis convaincu que vous l'ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la tourbe malfaisante des vrais
coupables, si ce n'est à vous, le premier magistrat du pays?
La vérité d'abord sur le procès et sur la condamnation de Dreyfus.
Un homme néfaste a tout mené, a tout fait, c'est le colonel du Paty de Clam, alors simple commandant. Il est l'affaire
Dreyfus tout entière, on ne le connaitra que lorsqu'une enquête loyale aura établi nettement ses actes et ses responsbilités. Il
apparait comme l'esprit le plus fumeux, le plus compliqueé, hanté d'intrigues romanesques, se complaisant aux moyens des romans-feuilletons,
les papiers volés, les lettres anonymes, les rendez-vous dans les endroits déserts, les femmes mystèrieuses qui colportent, de nuit,
des preuves accablantes. C'est lui qui imagina de dicter le bordereau à Dreyfus; c'est lui qui rêva de l'étudier dans une pièce
entièrement revêtue de glaçes; c'est lui que le comandant Forzinetti nous représente armé d'une lanterne sourde, voulant se
faire introduire près de l'accusé endormi, pour projeter sur son visage un brusque flot de lumière et surprendre ainsi son crime, dans
l'émoi du réveil. Et je n'ai pas à tout dire, qu'on cherche, on trouvera.
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15 Janvier 1898
"J'ACCUSE...! Monsieur le Président, Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour, d'avoir le souci
de votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacé de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches?..."
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