Affaire Dreyfus (Suite)
J'ACCUSE...! ( Suite )
C'est aujourd'hui seulement que l'affaire commence, puisque aujoud'hui seulement
les positions sont nettes : d'une part, les coupables qui ne veulent pas que la lumière se fasse; de l'autre, les justiciers qui donneront
leur vie pour qu'elle soit faite. Quand on enferme la vérité sous terre, elle s'y amasse, elle y prend une force telle d'explosion, que,
le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. On verra bien si l'on ne vient pas de préparer, pour plus tard, le plus
retentissant des désastres.
Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, il est temps de conclure.
J'accuse le lieutenant-colonel du Paty de Clam d'avoir été l'ouvrier diabolique de l'erreur judiciaire, en inconscient,
je veux le croire, et d'avoir ensuite défendu son oeuvre néfaste, depuis trois ans, par les machinations les plus saugrenues et les plus
coupables.
J'accuse le général Mercier de s'être rendu complice, tout au moins par faiblesse d'esprit, d'une des plus grandes
iniquités du siècle.
J'accuse le général Billot d'avoir eu entre les mains les preuves certaines de l'innocence de Dreyfus et de les avoir
étoufées, de s'être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour
sauver l'état-major compromis.
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15 Janvier 1898
"J'ACCUSE...! Monsieur le Président, Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que vous m'avez fait un jour, d'avoir le souci
de votre étoile, si heureuse jusqu'ici, est menacé de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches?..."
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